On arrive à Perth le 2 août 2011, tout KO. On vient de faire un vol depuis Adélaïde, avec des gamins infernaux. Et que ça braille pendant 3h30... pile poil la durée du vol. On a sorti les boules quiès trop tard, le mal de tête était déjà profondément installé. Atroce... C'est bien ceux là qui vont définitivement nous faire préférer le train.

On ne va pas vous parler de Perth, parce qu'on n'y est pas resté. Non pas que cette ville n'en vale pas la peine (on ne se permettrait pas !), mais simplement parce que le temps nous est compté, et qu'on a plein d'autres choses en tête. Des pierres, des vagues, des arbres... A peine arrivés, on s'installe dans la grande auberge YHA (bien à côté de lignes de trains... on les entend bien...) dans des dortoirs séparés (la mixité n'est pas toujours de rigueur dans les auberges australiennes...), et on s'occupe de se trouver une petite voiture pour 4 jours. On opte pour la compagnie Bayswater. Ici c'est kilométrages illimités, dès lors qu'on ne s'éloigne pas à plus de 500km de Perth, et qu'on n'emprunte pas les routes non goudronnées. Contrat à moitié rempli, mais chut... On aura donc une bonne Toyota Corolla Automatique pour notre dernier roadtrip australien...

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Non, non. Il n'y a pas que rien dans la Western Australia !

Le matin, on se met donc en route pour le sud de Perth. Le temps est très moyen : averses sporadiques. Un peu comme à Auckland quelques semaines plus tôt. Mais pas un temps de nature à nous empêcher de tournicoter. Bref, on file. Avec la voiture, on a pris un GPS, histoire de ne pas perdre de temps. C'est vrai qu'il faut le surveiller de près le GPS parce qu'il n'est pas forcément toujours à jour, le coquin. Alors que nous filons sur une autoroute toute neuve, il nous considère au milieu de nulle part... Qu'il est bête... On arrive dans la ville de Bunbury où l'on pique nique au bord de la mer entre deux averses, puis on reprend la route pour quelques dizaines de minutes pour arriver à notre premier spot : la jetée de Busselton. Ouah, quand on l'écrit, ça déchire... La jetée de Busselton est la plus longue jetée de l'hémisphère sud. Elle fait quand même deux kilomètres de long ! Ca fait donc une jolie petite balade (payante : 2,5$ par personne) au milieu de la mer. Toujours entre deux averses. Heureusement, il y a deux trois abris en cours de route. Pas grand monde pour braver le vent très fort. Pas grand monde non plus pour observer un magnifique arc en ciel. Et oui, comme on dit en Nouvelle-Zélande (comme ailleurs...) « No rain, no rainbow ». Quelques pécheurs (lignes, nasses) sur la jetée qui a l'air d'être un endroit fréquenté pour cette activité. Il y a d'ailleurs deux éviers pour vider les poissons sur la jetée. Plutôt rigolo.

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La jetée de Bussleton

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Somewhere, over the rainbow...

Ensuite, on reprend la route pour atteindre notre auberge pour la nuit, à Pemberton. On a une chambre double dans une petite villa de trois chambres. Très cosy comme ambiance. Ca change des auberges usines ! Il y a un caviste (Cellarbration, c'est une chaîne, un peu comme notre Nicolas) juste à côté, alors on se paie une bouteille de blanc pour accompagner quelques pizzas. Nous sommes dans un des haut lieu de la viticulture australienne, alors même si on n'a pas gouté une « bonne » bouteille et qu'on n'a pas pris le temps de visiter les domaines, il fallait bien qu'on arrose ça. L'entrée de gamme quand même, sinon, ça tabasse un peu...

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Oh un Kangourou ! A priori, c'est un mâle...

Au petit matin, on décolle assez tôt, malgré une tentative d'une colonie de fourmis de nous faire perdre du temps en s'en prenant à notre sac de bouffe, tentative qui se soldera par un échec lamentable. Une véritable boucherie même. Qu'est ce qu'on leur a mis. Tournicotons 1 Fourmis 0. Dommage, aucun reporter de presse n'était là pour couvrir le massacre. On est donc loin d'être traduit devant la CPI pour génocide et crime de guerre (en plus d'utilisation d'armes prohibées, à savoir un insect'écran normalement réservé au vêtement). Bref, on remonte en voiture pour faire un tour sur la Great forest tree drive, une route champêtre pas toujours goudronnée (oups, première entorse aux clauses du contrat) mais agréable. On fait quelques arrêts. Jusqu'à ce qu'on se mette en quête des arbres que l'on peut « escalader ». En fait, si la région est célèbre pour ses vins, elle l'est aussi pour ses karris, de grands arbres de la famille des eucalyptus, qui mesurent autour des 80m pour les plus haut. On a lu sur le Lonely qu'on pouvait monter aux arbres à l'aide d'escaliers : ces arbres servent en fait de tour de guet pour la prévention des incendies, et on trouve donc des postes d'observation tout en haut. Mais pour tout escalier, il s'agit en fait d'une échelle qui monte en colimaçon le long de l'arbre. Une échelle de barres de fer (les mêmes que les barres de fer des exercices, celles de Jamel D.). A peine une petite protection sur le côté (un filin métallique). Il faut bien l'avouer, en cas de chute ou autre glissade, c'est la mort assurée. Deux techniques différentes vont s'affronter devant le premier arbre : celle de M, qui consiste à grimper à 5m de haut, à se plaindre du vertige, et à redescendre tout penaud. Puis il y a la technique de A, qui consiste à grimper tout en haut. Franchement, si la deuxième est potentiellement plus dangereuse, elle est aussi (et surtout) rudement plus efficace pour bénéficier des magnifiques panoramas sur la canopée... Aucune doute là dessus. Vue d'en bas, c'est quand même flippant. A enchaîne ainsi le Gloucester Tree (61m) et le Dave Evans Bicentennial Tree (71m). Le troisième arbre « grimpable » n'est pas « ouvert ». L'échelle doit être en travaux... Mieux vaut ne pas braver les interdictions dans ces cas-là. A est fière de l'avoir fait. M est fier que A l'ait fait. Bref, tout le monde est fière de A ! Vous aussi vous pouvez soutenir la candidature de A dans un prochain épisode de Fear Factor, de Koh Lanta ou d'un autre jeu du genre... Ouaih, interville. On la voit bien sur l'épreuve fil rouge, face à un pompier de Carmaux ou un militaire de Nîmes. L'avenir nous montrera toutefois que A a un peu exagéré, et que l'exercice lui vaudra de belles courbatures. 130m à l'échelle, ce n'est pas rien...

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Cherchez A ! Elle est bien là, en train de grimper sur le Gloucester Tree

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Et encore ici ! Sur le Bicentenial Tree

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Ne cherchez pas dans cet arbre là, il n'est pas grimpable ! Mais joli quand même...

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la vue depuis la plateforme d'observation... Ouah...

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Autre vue depuis la plateforme, vers le bas... beurk

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En direct de la descente de l'arbre avec A... re-beurk

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Pendant ce temps, M photographie des oiseaux, au sol...

Après les arbres, encore les arbres ! On a filé toujours vers le sud. Sud Est cette fois-ci. Direction Walpole et sa vallée des géants. Dans cette grande forêt de karris, un chemin a été construit à travers les arbres. En fait, on atteint la canopée de ses arbres immenses sans le moindre effort, grâce à la topographie des lieux. Il ne faut pas avoir le vertige non plus, mais les deux pieds à plat, M n'a aucun problème ! On est donc sur un grand pont qui forme un carré de 600m de circonférence à plus de 60m de hauteur. Magique !

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Oui, M retrouve un peu de courage sur les passerelles...

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Là haut, sur la passerelle...

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Coucou, c'est nous

La journée se poursuit en toute fin d'après midi sur la route d'Albany. On fait un arrêt à Denmark, du côté de greens pool, une jolie plage lovée contre une piscine naturelle protégée par un récif, face à l'océan en furie ! Au coucher su soleil, c'est très beau. En plein soleil, ça doit être tout aussi beau, avec les couleurs de la mer en plus ! On a vu les photos, ça vaut ! On passera la nuit à Albany.

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Greens Pool, près de Denmark

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Elephant Rocks, près de Greens Pool !

On dégage avant le lever du soleil : on a de la route à faire, et le GPS n'est pas très confiant pour nous ! On commence donc par faire un tour au coeur du Torndarup National Park. Au bord de l'océan austral (qui comme tout le monde le sait sépare l'Australie du continent antarctique), on vient admirer ses falaises et le résultats des facéties de l'eau et du vent. Une arche immense, une grande faille (« The Gap »), trois petits pas à gauche à droite, et on remonte en voiture. On l'a joué un peu express, mais l'objectif de la journée, c'est la wave rock...

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Une arche...

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… et une faille. Hop, ça c'est fait !

Très rapidement, on s'aperçoit qu'on dépasse allègrement les 120km/h sur des routes que le GPS limite à 30km/h. Forcément, on met moins de temps que prévu pour faire les 400 bornes au programme de la matinée... Presque personne sur les routes, des paysages splendides. On décide de rompre une seconde fois nos obligations contractuelles en empruntant des pistes. On a vu sur une carte qu'avant la wave rock, il y avait une autre rock. Juste un point bleu sur une carte du Lonely à l'échelle 1cm:50km. Bref, aucune indication (rien sur le Lonely si ce n'est ce point bleu... qui est peut être une erreur !), aucun habitant pour nous renseigner, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. On ne sait même pas si cette rock existe vraiment, et à quoi elle ressemble. Après une heure passée à enchaîner les pistes, on décide d'abandonner et de reprendre la route vers la Wave rock. On y arrive en début d'après midi.

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Perdu dans l'outback, sur des pistes où on ne devrait pas être...

La wave rock, c'est un des objectifs majeurs de notre venue dans l'ouest australien. C'est vous dire comme on est impatient de la voir. Il s'agit en fait d'une immense formation granitique dont l'une des faces a été sculptée par l'effet combiné du vent, de la pluie et du sable. Et cette sculpture prend la forme d'une immense vague. C'est bluffant : on a presque du mal à croire que c'est naturel ! On dirait un half-pipe (demi-lune selon le terme retenue par la commission française de terminologie et de néologie) en béton. Mais non, c'est bien une œuvre magistrale de Dame nature. Admirable. Un peu plus loin, il y a une autre formation rocheuse rigolote, le bâillement de l'hippopotame (Hippo's Yawn). On ne regrette pas d'avoir roulé (et d'avoir encore à rouler...) pour venir jusqu'ici ! Gé-nial !
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Au creux de la vague...

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J'ai surfé la Wave Rock !

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Le bâillement de l'Hippo

La fin de cette journée est consacrée au retour sur Perth : on veut prendre de l'avance sur notre dernier trajet, celui du lendemain. On trouvera une auberge bon marché (une sorte de foyer de travailleur, ancienne cité U), et on se paiera un buffet de Sushi à volonté pour fêter la fin du voyage. Qu'est ce qu'on s'est mis...

le 6 août 2011, dernière journée dans le coin. On prend la route du désert des pinnacles (Nambung National Park). La route est très quelconque : faut dire que le GPS nous a fait passer par les terres, ce qui n'est même pas plus rapide, ni moins long. Après deux heures de route, et quelques kilomètres seulement avant l'arrivée sur le site, M s'aperçoit qu'il a oublié l'appareil photo dans son placard à l'auberge. Oups, la boulette. Première fois du voyage, pour le dernier jour ! Fallait bien que cela arrive... On cherche : heureusement, il nous reste le petit appareil, celui qu'on croyait mort le vendredi saint et qui est ressuscité quelques jours plus tard (la règle sainte des trois jours ne s'applique pas aux appareils photo de marque Canon (un signe divin !) qui donne l'impression d'être décédés par noyade lors d'une rando en Nouvelle-Zélande, voir article sur l'Abel Tasman Track). Encore un hic : presque plus de batterie. Mais il marche (Se mueve, selon l'expression retenue par Galilée... euh. Pas sûr en fait que cela s'applique également à cette situation). Heureusement pour 1$ (!) le centre de visiteurs nous permet de recharger la batterie. Coup de bol, on avait gardé avec nous le chargeur d'un appareil mort et presque enterré. Cette sombre affaire d'appareil photo étant finie (on vous passe le fait qu'on peut zoomer en insistant grave sur la molette, et que pour dézoomer, il faut éteindre l'appareil photo... Hum... tout va bien), on entame la visite du site. Trois options : faire la balade à pied (un circuit fléché), faire le circuit en voiture (un chemin de sable durci), flâner à travers le site. Ben nous avons fait les trois. Pour le même prix, on n'allait pas se gêner...

Les pinnacles, c'est l'image que l'on avait de la Western Australia. On est presque venu à cause de ça, le reste ayant suivi... Ce sont de petites formations rocheuses (un peu comme des termitières) dont l'origine est sujette à polémique (peu d'études scientifiques sur le sujet, deux théories s'affrontent...) parsemées sur un tout petit désert de sable. Il y a assez peu de végétation. C'est un endroit extraordinaire, au sens propre du terme : qui sort de l'ordinaire... On reste dans le coin trois bonnes heures. On a adoré. Les photos valent tous les discours du monde...

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On est aux pinnacles !

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C'est chouette les pinnacles...

On rentre ensuite vers Perth, par la route cotière, magnifique, plus rapide et plus agréable ! Au feu le GPS... On s'arrête au coucher du soleil sur d'immenses dunes de sable blanc. Séance shooting, non loin de deux couples de fiancés qui viennent faire leur album photo de mariage, avec photographe pro, robe de mariage et smoking. Qu'est ce qu'on a l'air de deux clochards à côté... On atteindra Perth dans la soirée.

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Allez A, faut rentrer à la maison maintenant...

Voili voilou, vous savez (presque) tout. L'isolement de la côte occidentale fait qu'elle est assez préservée du tourisme de masse. Bien heureusement d'ailleurs pour ceux qui bravent les distances. Cela en vaut largement la peine : en 2000km (à peine... une paille quoi !) on assiste à un vrai déchainement de merveilles naturelles. Très touchant. Et si vous avez plus de temps que nous, vous pouvez même profiter de la plage et de plaisirs de la table, et notamment du vin omniprésent. Voilà. On prend le train pour Sydney dès le lendemain. Trois jour et trois nuits dans l'Indian Pacific avant d'enchaîner par plus de 24 heures d'avion. Avec le goût du retour dans la bouche. Un goût tout à la fois doux et amer. C'est le goût de la fin des vacances...

On va presque fermer le blog. Il restera bien entendu quelques articles à rédiger, des bilans, des arrêts techniques, peut être des albums photos. Mais le quotidien du voyage est déjà derrière nous. Snif. Snif. Ce n'est plus le rhume de M à Darwin. C'est bien la tristesse cette fois-ci. Mais heureux que nous sommes de rentrer au bercail ! Non, on n'a pas dit heureux de retourner bosser... Mais il faut bien trouver de quoi financer nos prochaines échappées belles...

On en profite pour vous embrasser tous, chers lecteurs, amis, collègues, parents, veaux, vaches et couvées. On s'est éclaté (presque) tout le temps à vous narrer nos aventures quotidiennes de ce voyage pas comme les autres. On ouvrira une petite rubrique « questions/réponses » si vous voulez en savoir plus. On est d'ailleurs vraiment désolé de n'avoir pas toujours pris le temps de répondre à toutes vos interrogations en cours de route (sur la bouffe, les cyclos, l'hébergement, les transports...). On va essayer de remédier à cela dans les semaines qui viennent.

A et M