Que les choses soient claires : on dit volcan, mais c'est un raccourci particulièrement trivial de la part des sombres crétins (de Rhône-Alpes en plus...) que nous sommes. En fait, les régions de Rotorua et de Taupo, plus au sud, sont connues pour leur activité géothermique importante. En gros, on trouve des fumeroles un peu partout, et même quelques volcans actifs. On pense notamment à White Island qui est une petite île volcanique très connue et plutôt facilement accessible, à seulement deux heures de la côte par bateau (comptez 200$NZ la sortie par personne, soit environ 120€), ou aux volcans semi-actifs du parc de Tongariro, où nous reviendrons un peu plus bas.

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Au pied du Mt Ngauruhoe, parc national de Tongariro

On a donc commencé par Rotorua, grande ville plutôt agréable, et assez rupine il faut bien le reconnaître. Faut dire qu'en bonne ville thermale, elle a un côté bourgeois peut en rapport avec la Nouvelle-Zélande dans son ensemble. Déjà, l'arrivée en ville donne le ton : on peut facilement se garer, certes, mais difficile d'éviter les parcmètres. Bon sang, on est devenu radin à ce point ? Non, non, on l'était déjà. Tout ça pour vous dire qu'on a pas souvent vu de stationnements payants en NZ (notamment dans l'ile du sud que l'on connaît « mieux »), mais qu'à Rotorua, les horodateurs sont légion. Ca c'est dit. Mais les parcmètres étant à la bourgeoisie ce que l'habit peut être au moine (tordu ? Noooooon...), Rotorua dispose de quelques bâtiments (l'hôtel de ville, l'office du tourisme, les thermes et quelques autres...) plutôt raffinés, qui rappellent ce côté bourgeois. N'y cherchez pas de monastère, les questions d'habits et de moines n'étaient là que pour la métaphore des parcmètres, qu'on trouvait partout sur la chaussée (aux moines, juste pour la blague). Ce n'était pas une métaphore ? Merde.

Rotorua donc. On connaît bien la bibliothèque municipale pour y avoir passé une journée entière à organiser la suite du séjour (et notre prochain passage en Australie, notamment), tout en échappant à un temps frais et pluvieux. Comme d'habitude, la bibliothèque est équipée en Wifi. Mais ici, il est payant : 3$ la journée (moins de deux euros), ce n'est pas la ruine. Oui, mais ce n'est pas gratuit... Parcmètres, chaussée, moines, merde. La bibliothèque de Rotorua, et les quelques six heures que nous y avons passées, c'est un concentré du Kiwi way of life. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Les pieds nus, on aura l'occasion d'y revenir dans notre bilan néo-zélandais. On a du mal, mais on peut faire abstraction. Le brouhan incessant (expression papesque dérivé du Sétois désignant le brouhaha d'un repas de noël sur l'île singulière) avec des « je parle bien fort », « je glousse » ou « je parle au téléphone de tout et de rien au milieu d'une bibliothèque », c'est juste agaçant. Le squat de la bibliothèque par tous les rebuts de la ville, ça a un côté californien selon Bukowski. Mais les gars qui viennent lire le journal en rotant à tour de gorge déployée (oui parce que roter à tour de bras, ça fait bizarre), c'est juste ahurissant. C'est un peu tout ça la bibliothèque de Rotorua. C'est un peu ça aussi la Nouvelle-Zélande. Rustre.

Mais quand même, on va arrêter de se plaindre et de vous parler de ce qu'on a vu de nos yeux vu. A ma gauche, coin bleu et culotte verte (faute de goût), voici le parc géothermique de Waiotapu. Un parc où l'on peut se balader sur des itinéraires bien délimités pour admirer quelques jolies réalisation de dame nature, et où l'on peut aussi voir un geyser qui se réveille tous les jours à 10h15, heure précise, grâce à un petit coup de dopant (savon !) administré par un des employés du parc. Coin bleu, on vous avez dit, avec le savon en guise de viagra du geyser. A part ça, le parc est chouette (entrée : 32,5$NZ) surtout pour la fameuse « piscine de champagne » que vous verrez sur pas mal de brochures sur la région. C'est beau, y'a pas à dire. Et dans à ma gauche alors ? Coin rouge, culotte bigarrée, c'est la Rainbow moutain (on vous fait grâce du nom maori... enfin, c'est plutôt vous qui nous en ferez grâce !), et puis un bon plouf dans une rivière chaude. Super chaude même. Ahhh... c'est beau, c'est bon... mais ça pue le souffre un peu quand même. C'est pas toujours super propre autour de la rivière (le coin est fréquenté, et pas super bien équipé...), mais l'eau est clean, c'est l'essentiel. Kerosene Creek (c'est son p'tit nom), c'est un bon plan pour fauchés. Et n'écoutez pas ceux qui vous disent que ça craint pour les bagnoles... Nous on pense que c'est le lobby des officines thermales (payantes !) qui fait son œuvre... Le dernier soir, dans notre camping au bord de l'eau (Rotorua est au bord d'un grand lac... miiiiince, on avait oublié de vous dire !), on fait la connaissance de Julien et Laure, tourdumondistes, avec qui nous passons à bon moment à discuter voyage. Un coucou à eux, en passant... Ding ding ding, ça c'est le match entre culotte verte et culotte bigarrée qui commence, nous, on est déjà partis vers le sud...

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Au bord du lac Rotorua... on n'est pas mal quand même...

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Petit geyser...

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...deviendra grand peu après 10h15. Oui, mais c'est un peu triste quand même !

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Champain pool, des couleurs de fou

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Selon le sens du vent, ça devient un peu compliqué de prendre une photo !

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Méga plouf... froid dehors, chaud dedans !

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le pourquoi du comment du nom « Rainbow Moutain, avec plus d'imagination...''

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Piscines de boue...

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Point de vue depuis le sommet de la rainbow moutain, faux airs d'Auvergne ?

On part ensuite pour la ville de Taupo, au bord du lac Taupo. Un grand lac. Très grand lac. Purée, qu'est ce qu'il est grand. C'est le plus graaaand lac du m... euh... de Nouvelle Zélande. Mais c'est déjà pas mal, non ? On passe à l'office du tourisme pour commencer. Prendre des nouvelles de la météo car on veut aller marcher dès le lendemain. Il fera beau : chouette. Mais il y a de la neige en altitude, et Sophie, la gentille québécoise de l'i-Site, nous propose de faire le Tangariro Alpine Crossing (généralement présentée comme étant la plus belle balade à la journée de Nouvelle Zélande) avec un guide. Piolet, crampons, guide ? 120$ pour marcher ? Oups, on s'est trompé d'adresse non ? On discute quand même avec la gentille Sophie (vraiment, elle est sympa) et on abandonne l'idée (pas la nôtre !) d'une sortie guidée en groupe. On verra bien jusqu'où on peut monter, et on ne fera de toute façon qu'une boucle (en revenant au parking de départ). On part donc avec notre poubelle verte se garer dans un camping non loin du départ de la randonnée, dans le parc du Tongariro. Lorsque la nuit tombe, il fait froid, très froid...
Mais lorsque le jour se lève, il fait juste... -7°C dehors (mais 0°C dans la voiture... on est large !). Tout est gelé dehors, et même avec un gros petit déj (oeufs, bacon, « colby chaud » (on vous donnera la recette), soupe, thé, tartine...) on a un peu de mal à se mettre en route. De fait, on attaque un peu tard.

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A gla gla sur mon par brise...

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Trop bien le petit déj dans le congél !

Il est 10h00 quand on débute notre marche. Le temps est superbe : un ciel d'un bleu éclatant, pas un nuage en vue, un froid revigorant, pas de trop de vent. La balade est juste... fabuleuse. La première partie est assez plate, tout est bien cadré. Vu les conditions, c'est pas mal pour nous : il y a pas mal de glace dans les parties à l'ombre, et le terrain peut être glissant. La seconde partie grimpe un peu : des escaliers sont aménagés, ça casse un peu le côté nature, mais c'est quand même bien foutu. Et on est tout seuls ! Tout ça pour nous... On est au pied du Mt Ngauruhoe, un volcan « parfait », conique, façon Licancabur chilien ou Mt Fuji japonais (et paf ! Un tacle pour Véro). Sa dernière eruption remonte à 1975, et on devine quelques fumeroles à son sommet. Les plus téméraires peuvent le gravir, mais à cette période, c'est un peu compliqué à cause de la neige. En plus, la montée est raide, caillouteuse et paraît peu aménagée. On arrive sur une première terrasse, en fait, un premier cratère, le cratère sud (South cratère). On avait de la neige sur le chemin juste avant d'arriver, et le cratère est enseveli sous la neige. C'est plat, c'est tout blanc, et c'est bien joli. On peut voir le petit lac, gelé et sous la neige, mais c'est chouette quand même. On croise un groupe de jeunes un peu équipés qui nous disent que sans crampons, ça va être compliqué de poursuivre plus haut. Et effectivement, le Red Crater est à portée de main, à peine 150 mètres plus haut, mais on doit se rendre à l'évidence : sans crampon, on prend des risques. Un peu plus haut, devant nous, il y a un groupe d'une vingtaine de marcheurs. Ils ont les crampons, et un guide. Ils sont aussi plus légers que nous d'au moins... 120$ ! Ils montent lentement, oui, mais ils montent. Compte tenu de la neige gelée, de la pente, et du fait que si on dévisse, on est plus que mal, on s'arrête quand il est temps. D'ailleurs, il est temps de manger. Petit pique-nique au soleil d'hiver. C'est bien la montagne. On a juste oublié la bouteille de blanc. Tant pis...


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C'est beau ! Nous on adore !


Des photos de la balade, en vrac
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Pique-nique au point de retour !

L'après midi, on redescend tranquillement. On croise trois jeunes de Singapour (qui avaient passé la nuit dans le même camping que nous, avec leurs parents) qui montent. On leur dit de faire vite, et surtout de faire attention : ils n'ont pas de chaussures de marche, ça risque d'être un peu compliqué pour eux. De toute façon, ils veulent juste monter au south crater. Enfin, on espère pour eux. Sinon, c'est qu'ils sont morts. On n'a pas vérifié le lendemain dans la presse... La descente est royale, on est toujours tous les deux (pour rigoler, allez voir l'excellent article: http://www.tour-du-monde.net/article-1928618.html). Les couleurs sont extra. On arrive à la voiture vers 16h30. On a passé une journée géniale. Même si on n'a pas pu monter jusqu'au Red Crater et aux lacs d'émeraudes (euh, l'hiver ils sont gelés et sous la neige, mais les photos de l'été sont beeeeelles...), mais c'était déjà parfait comme ça. Plus, ça aurait été trop :-p !

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A ne lâche plus rien dans la montagne !

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Il est joli, le lac... gelé et sous la neige !

On passera la nuit à Taupo. Le lendemain, il fait un peu moins beau sur Taupo. On avait prévu de se faire une balade de 3h en kayak sur le lac, jusqu'à des roches sculptées par les Maoris, que l'on ne peut atteindre que par le lac (donc bateau ou kayak). Mais on est trois fois refroidis : il fait froid (justement), il y a pas mal de vent (donc de vagues) et les sculptures maoris, belles au demeurant, sont vieilles d'une trentaine d'années. Pas de quoi se foutre à l'eau, pardonnez nous l'expression. On se rabat alors sur les huka falls et le barrage sur la huka river. Les Huka falls, ça brasse, mais ce n'est pas extraordinaire. Trop blasés des chutes d'eau en tout genre faut croire. Le barrage, c'est plutôt amusant. Surtout que pour assurez le spectacle, deux lâchers sont organisés chaque jour. On a plus qu'à se positionner sur un poste d'observation, et on admire l'eau qui monte et qui dévale à travers les gorges étroites. On a l'air de plaisanter, mais pas du tout, c'est très sympa. C'est intéressant de voir à quelle vitesse l'eau peut monter en cas de délestage du barrage. Que les pêcheurs de truite en prennent bonne note, en plus d'éviter les lignes à haute tension...

Voili voulou, vous savez (presque) tout. On filera ensuite vers les grottes de Waitomo, dernière étape de notre escapade sur l'île du nord, et ultime arrêt en Nouvelle-Zélande avant Auckland et le décollage pour l'Australie. Quoi, nous sommes déjà en Australie...? On vous a déjà parlé de parcmètres ? Faites le raccourci vous même. Merde.

Sans rancune, et avec des bises.

A et M