L'Argentine, c'est peut être le pays le moins énigmatique d'Amérique du Sud. On a l'impression de le connaître sans y être allé. C'est un peu l'impression que nous avions tout du moins. Mais on voyage rarement pour valider des idées reçues, au contraire, on part pour les défier. Et l'Argentine, est un si grand défi...

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Vue sur la région des lacs depuis le cerro campanero, au dessus de Bariloche

Avant toute chose, quelques données préalables pour donner le ton, et pour se rendre compte de l'aventure extraordinaire que constitue ce pays :
2,8 millions de km² (soit le 8e pays au monde, soit aussi 5 fois la France métropolitaine)
41 millions d'habitants
14 habitants au kilomètre carré (comme la Norvège ou l'Algérie)

L'Argentine, c'est aussi Buenos Aires et le désert argentin. La région urbaine de Buenos Aires rassemble une bonne partie de la population du pays. Le nord du pays regroupe aussi les grandes villes, la Patagonie (partie sud de l'Argentine) n'étant quant à elle que très peu peuplée, et de façon très hétérogène (quelques villes moyennes au milieu de grands espaces désertiques).

Mais l'Argentine est surtout un pays où les paysages se combinent de mille et une façons. En sept semaines, nous aurons ainsi connu la jungle (Nord Est, région d'Iguazu), les hauts plateaux andins (Nord Ouest, région de Salta), les grands glaciers, les plaines océaniques désertiques, les montagnes boisées... Impossible de trouver une homogénéité dans tout cela. Mais c'est toute la richesse que nous avons trouvée dans ce pays.

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Pingouin de Punta Tombo, au sud de Puerto madryn et de la péninsule de Valdès

Côté culture, nous avons trouvé un pays très « occidental » dans sa façon de vivre. Comme nous l'avions dit, Buenos Aires est une grande ville, mais peu de choses semblent la rattacher à l'Amérique du Sud telle qu'on se la représente généralement (elle n'en est pas pour autant dénuée de charme !). Au delà, et mises à part certaines régions périphériques (culture indienne très présente dans le Nord Ouest, et le long d'une grande partie de la cordillère des Andes), on n'est pas toujours très dépaysé en discutant avec les Argentins. Ce n'est pas un reproche, mais un constat que nous avons fait. La culture se décline en différents éléments : le football est omniprésent (il alimente les conversations, les informations... partout et tout le temps), la musique est essentiellement nationale, ou tout du moins hispanophone, et la viande est aussi un élément de la culture ! Ce n'est pas un mythe ! Le Tango est très présent à Buenos Aires et dans les grandes villes du nord du pays (moins en Patagonie). Un petit truc aussi, qui fait parti de la culture populaire : régulièrement, au bord des routes, vous verrez de petits autels décorés de rouge : il s'agit de lieux de dévotion à Gauchito Gil, un héros auquel les Argentins vouent un véritable culte, même si l'histoire de ce personnage singulier est à décliner au pluriel : il y a autant de légendes que de conteurs... avec certains invariants, on vous rassure !

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Route de Cachi,au sud de la Salta

Il est facile de se déplacer en Argentine, que ce soit entre les villes ou dans les villes. On n'a pas testé les liaisons aériennes intérieures (plus chère qu'au Brésil), mais les bus longues distances sont de grande qualité. Très confortables (notamment en cama (ou executive class), équivalent d'une business class en avion), rapides, ils permettent de gérer un long trajet de nuit... Après il ne faut pas oublier que certains trajets sont très longs (une vingtaine d'heures...). Mais franchement, on ne les voit (presque) pas passer. Cerise sur le gâteau, on a même eu le wifi dans un bus de la compagnie Flecha Bus (entre Posadas et Salta). D'autres compagnies le proposent, gratuitement, essentiellement dans le nord du pays. En tout cas, c'est rudement bien organisé, et il est plutôt rare (selon notre petite expérience) d'avoir de mauvaises surprises. Bien se renseigner toutefois sur la présence d'un repas ou non : on a eu une petite déconvenue à Cordoba... Et ne pas oublier non plus un petit pourboire pour le bagagiste, ça se fait bien. Le métro de Buenos Aires est efficace, et les bus très fréquents (n'oubliez pas de vous munir de monnaie avant de monter : on paye dans un petit distributeur situé à l'entrée, après avoir annoncé sa destination au chauffeur qui ne manipule donc pas d'argent !), même pour rejoindre le quartier de La Boca (qui n'est pas relayé par le métro). Ailleurs, il y a aussi toujours un système de transport en commun plutôt facile d'utilisation, même si en Patagonie et dans une bonne partie du pays, la taille des villes fait que l'on peut s'en passer. On n'a pas eu besoin de prendre de taxi, donc on n'apporte pas notre contribution là dessus. On a loué à plusieurs reprises une voiture (région de Salta, péninsule de Valdès, région de Bariloche). Ce n'est pas très bon marché, il faut le reconnaître (entre 30€ et 40€ la journée). Le permis international de nous a pas été demandé. Côté assurance, il faut savoir qu'une bonne CB peut vous couvrir, mais que les agences vous imposent alors une surtaxe pour tout paiement autre qu'en espèces. A vous de faire votre choix donc. Les routes que nous avons pratiquées n'étaient pas toujours en très bon état (dans le nord notamment, région de Salta), ni les voitures d'ailleurs. Mais dans l'ensemble, ce n'est pas très dur, dès lors que l'on a une carte digne de ce nom, et qu'on ne roule pas à la Fangio !

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Maison du quartier de la Boca, Buenos Aires

Du côté des visites, elles sont très majoritairement accès sur la nature : d'Iguazu à Ushuaïa, en passant par Valdès et Bariloche, il est peu probable que vous puissiez rester insensibles à la beauté des paysages, faune et flore argentin. Si vous aimez marcher, vous serez comblés dans la région des glaciers, notamment à El Chaltén. L'avantage des randos dans ce coin, c'est qu'il n'y a pas de droits à payer pour accéder au parc naturel, contrairement à la région des lacs (Bariloche), El Calafate (zone sud du parc des glaciers) ou encore la péninsule de Valdès et Ushuaïa (chers !). Les parcs sont bien aménagés pour la randonnée, à la journée ou sur plusieurs jours (présence de campings plus ou moins aménagés). Les chemins sont bien balisés, et les paysages vraiment extraordinaires (la réputation du Fitz Roy et de la laguna sucia n'est pas usurpée). Et puis pour ceux qui aiment les paysages andins du nord Chili, de la Bolivie et du Pérou, la région de Salta ne devrait pas vous décevoir. Enfin, mention spéciale aux chutes d'Iguazu et au Perito Moreno, véritables merveilles de la nature. On peut y passer des heures sans se lasser, tant le spectacle proposé par la nature est époustouflant. ON A-DO-RE !!!

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Le Perito Moreno

Côté logement, les auberges de jeunesses (hostels) sont bien aménagées, propres et confortables. On a eu peu de mauvaises surprises ou de déceptions à ce niveau là, même dans de grands dortoirs. C'est le meilleur moyen pour partager ses expériences, ses astuces et ses conseils avec d'autres voyageurs. Les prix sont raisonnables, même si pour deux, on peut parfois trouver une chambre double pour le même prix. Plus on descend dans le sud, plus c'est cher... On a passé plusieurs nuits en campings, gratuits ou payants (pas chers du tout), et avec plus ou moins de commodités. Mais l'Argentine reste un pays très ouvert au camping, et vous n'aurez pas de mal à planter votre tente dans les espaces conçus pour, notamment dans les parcs nationaux (Régions de Bariloche, El Chaltèn, Salta). En revanche, n'oubliez pas qu'il peut faire froid, selon la saison et la région, du fait de la météo et/ou de l'altitude. De notre côté, on avait des duvets légers Lafuma (2°C confort), et on a eu « frais » à 3000m d'altitude à Humahuaca (au nord de Salta, il faisait 0°C) ou à Bariloche (4°C, plus humide). Mais on n'est pas non plus morts gelés...

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La Laguna Sucia, au dessus d'El Chaltén

Pour finir, sur la question de la sécurité des voyageurs, on a trouvé que l'Argentine est très sure. On ne se sent pas en danger dans les villes comme dans les campagnes. Les Argentins sont adorables et toujours prêts à donner un coup de main, gracieusement. Mis à part à Buenos Aires (et peut être autour de la gare de Cordoba, même s'il ne nous est rien arrivé...), aucune crainte à avoir donc. On met Buenos Aires à part : ne pas aller à la Boca de nuit, voire de jour en dehors du quartier touristique (on ne se sent pas vraiment à sa place, de toute façon) et rester vigilant dans les lieux où il y a du monde (gares, métro, match de foot, autres rassemblements...). Notre seul incident : attaque au yaourt en repartant de Buenos Aires, prêt de la gare routière (on rappelle le coup : quelqu'un vous jette du yaourt, ou de la mousse à raser sur le sac à dos, pour que vous vous arrêtiez et déposiez vos affaires au sol. Après... Bon, on connaissait le truc, connu notamment au Pérou. Dans ce cas, il ne faut pas s'arrêter et envoyer ch... les « gentils » gars qui vous disent qu'un oiseau vous a fait dessus !).

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Les fabuleuses chutes d'Iguazu

En conclusion, on est devenu de grands fans de l'Argentine. Pas grand chose à jeter dans ce pays beaucoup plus hétérogène qu'on ne l'imaginait. Si Ushuaïa n'apporte pas grand chose de plus que le mythe qu'elle représente, il faut bien 2 mois pour faire un tour complet du pays. En sept semaines, nous avons fait quelques coupes : on n'a pas encore vu Mendoza, San Juan (région des vins) ou la campagne de Cordoba, et puis sans doute quelques petites pépites comme l'Argentine en regorge... Marquée par des influences espagnoles, italiennes, allemandes... et indiennes dans les régions montagneuses, l'Argentine est un grand melting pot dans un cadre naturel, on le répète, hors du commun. Facile de discuter avec les Argentins même si on parle espagnol comme une vache... euh... savoyarde ? Voilà, on adore, vous le savez désormais !

Coups de coeur : Les chutes d'Iguazu, le Perito Moreno, les baleines de Valdès en compagnie de Loïc et Anne, l'Espagnol rioplatense, le gros barbecue avec Brice et Cristilla au camping de Humahuaca, le Lago Espero (région de Bariloche) au petit matin après une nuit fraîche passée dans la tente

Coups de gueule : Le manque de diversité alimentaire (mais où sont les légumes !?), le coût de la vie dans le sud du pays, l'attaque au yaourt à Buenos Aires, le décès de l'ex-président Kirschner (ça nous a pourri le super-clasico !)