Alors que nous venons de quitter El Chaltén pour El Calafate (et son fameux glacier Perito Moreno), nous avons essayer de retracer notre dernière semaine de voyage, depuis notre départ de Bariloche par la route 40 qui nous a fait découvrir le vrai désert humain que constitue la Patagonie. Si vous n'avez pas de carte de l'Argentine, la phrase précédente ne doit pas avoir beaucoup de sens ! En clair, on continue notre descente de l'Argentine en direction du sud. Question internet, on était un peu isolé, malgré les connexions WiFi existantes... mais pas super stables. Cela explique en partie nos silences radio...

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On a vraiment essayé de se connecter à internet...

Si El Chaltén est la capitale du trekking argentin, il ne faut pas se méprendre : ce n'est qu'un petit village de 300 habitants. On pense qu'il y a en revanche trois à quatre fois plus de touristes ! En gros, c'est un camp de base, constitué essentiellement d'auberge de jeunesse et de magasins de sports de montagne ! Au milieu de tout ça, on notera quand même une des meilleures boulangerie d'Argentine (à notre humble avis) : « La nieve ». Des viennoiseries qui sont les bienvenues à toute heure de la journée. C'est d'ailleurs dans le « salon » de la boulangerie qu'on a regardé le match de rugby France-Argentine en compagnie d'une dizaine d'autres Français. Pas très british comme ambiance : on est loin du match regardé dans un pub ! Mais ça a son charme, un match avec une petite part de tarte au citron meringuée...

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Panorama sur El Chaltén... C'est vrai que comme ça, ça ne fait pas rêver...

Mais passons plutôt aux choses sérieuses. On vient à El Chaltén pour profiter des montagnes et des balades. Et effectivement, il y a de quoi faire. Le problème c'est la météo. En parcourant le site web d'El Chaltén (rubrique climat) on trouve quelque chose du genre « un seul mot peut qualifier le temps à El Chaltén : imprévisible ». Tout est dit. C'est plutôt rigolo d'entendre les « demain il fera beau », ou « le temps va se gâter dans l'après midi ». Avec un vent violent quasi continu (on y a eu droit durant les cinq jours de notre séjour, sans que cela soit exceptionnel semble-t il), et du fait de la proximité des montagnes et de la côte pacifique, le temps change tout le temps. Ah c'est joli ça comme expression. On garde... En tout cas, venez avec un peu d'équipement quand même : pluie et froid (et dire que nous sommes à la fin du printemps...).

Le premier jour, on est allé du côté de l'administration du parc national (toujours très pro) pour récupérer un peu de doc et prendre les infos. Puis on se met en route pour une petite balade qui nous occupera deux heures. Sans grande difficulté, et avec de beaux points de vue sur les montagnes environnantes et le grand lac Viedma au loin, une bonne mise en jambe après deux jours passés dans le bus.

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Si on peut plus rigoler alors...

Deuxième jour, il ne fait pas beau. On se lance pour une petite balade de deux heures, mais avec le vent, le froid et la pluie, il est difficile d'avancer. Bon, on prendra un jour de repos, et on profitera du match France-Argentine. Ca tombe bien non ? Le match un peu pourri, et les Argentins avaient fui le quartier devant l'arrivée des troupes françaises. Surtout que dans la région, le rugby, ça n'a pas l'air d'être vraiment leur truc...

Troisième jour, on lance la grande expédition vers le Fitz Roy. Le temps n'est pas exceptionnel (il neige, ou neigeouille) mais cela doit se lever. M doit monter avec la tente et tout le matériel de camping sur le dos jusqu'au campement « Poincenot » sur la route du Fitz Roy. A doit l'accompagner jusque là puis redescendre (20km de marche pour elle quand même ! Mais pas question de se geler la nuit !). Le chemin est sympa, même si le temps ne s'améliore pas vraiment.

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A garde le moral, même sous la neige, le vent et le froid !

On monte la tente (le vent souffle fort, mais le campement est à l'abri dans un bosquet), on pique-nique... Et nos chemins se séparent.

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Tente montée, c'est parti !

A reprend la route d'El Chaltén, et M grimpe vers le Fitz Roy. Un peu plus d'une heure dans des pierriers, ça monte sec, et c'est pas très cool (le vent déséquilibre facilement). M croise pas mal de monde sur le chemin, et tout ce qui descende lui confirme que « Vale la pena » (on traduit même pas ! Vous voyez bien, vous commencez à bien comprendre l'Espagnol à force !!!). Pendant ce temps, A rencontre un « Pic Bois » (version canadienne de notre pic-vert, mais en fait le vrai Woodpecker). Elle se réconfortera un peu plus tard avec un thé bien chaud, du pain et du chocolat à l'auberge.

Pour M, la fin du mini calvaire arrive, et c'est la découverte de points de vue sublimes sur le Fitz Roy et ses petites copines, mais aussi sur la Laguna Sucia, d'un bleu extraordinaire.

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C'est pas beau ça ?!

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I was here... avec l'appareil photo coincé entre deux pierres...

Le temps de faire jumper deux argentines pour un double jump tout en légèreté, quelques photos, et redescente pour enchaîner sur le chemin d'un glacier pas très loin. Mais le chemin en question est pourri. Heureusement, là aussi, « vale la pena ».

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Il n'est pas plus facile de descendre, mais c'est meilleur pour le moral !

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Le glacier Piedras Blancas pour moi tout seul !

Retour au campement à 20h00 (après 9h00 de marche, une fois ôtée la pause de midi pour la tente et le repas...). M se change (parce que il suis trempé de transpi dans mon attirail 35 couches), se fait des pâtes, prend le repas avec un groupe de nord-américains (US, Canada, pour la majorité de Vancouver ou Seattle) face au Fitz Roy. Puis dodo bien mérité.

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Vue sur le Fitz Roy depuis le campamento...

Si M n'a pas eu froid pendant la nuit, le matin a été compliqué. Horrible même. Le vent s'est levé d'un seul coup avec des trombes de pluie. Le temps de tout plié dans le sac à dos, M file le premier du camping, peu après 8 heures. Direction le chemin du cerro torre où A et M se sont donnés rendez vous à midi. Mauvaise idée, le temps est vraiment moche. Vent extrêmement fort et pluie...Sur la route, M repense à une idée de titre d'article dont nous avions discuté la veille., .. Et qui avait fait l'objet de la censure commune (« Fitz de p... », pas super classe il faut bien l'admettre !). Mais franchement, ce titre avait tout son sens dans cette tempête ! Tout est bien qui finit bien : A et M se retrouve en chemin. A s'est doutée que ça ne sentait pas bon en haut et elle est partie plus tôt. On se retrouve vers 10h30. Bonne comme le pain, elle a même pensé au petit déj qu'on attaque à l'abri du vent, dans un petit bois. On redescend ensemble vers El Chaltén où l'on arrive à midi. M est trempé. Tout passe à la lessive directement. L'après midi sera reposante, en regardant par la fenêtre de l'hostel les trombes d'eau s'abattre sur El Chaltén qui prend des airs de Venise pour quelques heures... Journée mémorable ! Heureusement, on a pu voir le Fitz Roy. Mais comme on dit, « il faut se le mériter ». Chouette expérience au coeur de la Patagonie andine...

PS : Petit point sur l'altitude pour ne pas se fourvoyer : El Chaltén n'est qu'à 400m au dessus du niveau de la mer ! Le campement poincenot à 750m et le panorama sur le Fitz Roy à 1170m. Et pourtant, c'est tellement différent de « nos » montagnes. On dirait qu'il y a deux mille mètres d'écart au niveau des paysages... Les photos en témoignent !

Voili voilou vous savez (presque) tout. On vous racontera plus tard les histoires du bus de la route 40 dont le toit s'est en partie envolé à cause du vent, la découverte de villages perdus au milieu de nulle part, des rencontres parfois étranges dans les montagnes... et du Perito Moreno et ses autres copains glaciers...

Bises

A et M