Si nous sommes aujourd'hui le jeudi 7 octobre 2010, et que nous sommes (à nouveau) à Rio de Janeiro, laissez nous vous raconter l'histoire de notre visite à Brasilia. C'était il y a quelques jours déjà. Mais on n'en a rien oublié, pas une miette, on vous rassure tout de suite.

On va essayer de la faire courte aujourd'hui, parce que Caïpirinha est encore passé nous voir, en traître. Mais c'est juste parce qu'on avait pas mal de commande en cours... Comme de bien entendu. Si on devait boire par pur plaisir, cela se saurait !

Alors, Brasilia, ce n'est pas une ville comme les autres. C'est une ville créée au milieu de la savane brésilienne, pour d'obscures raisons politico-fédérales. C'est pas bien compliqué, mais non n'a pas envie de pousser l'explication. D'abord on fait ce qu'on veut, parce que c'est nous qui écrivons ce blog, et que vous n'en êtes que de simples lecteurs. Honorables certes, mais simples. En plus, quand on sait que le Président brésilien à l'origine de ce projet fou s'appelle Kubitschek (approximation peut être, mais on a brûlé le guide du routard, trop nul), on comprend qu'il est peut être préférable de ne pas trop creuser le sujet...

(A ce moment précis, A fait remarquer à M qu'il n'a pas encore pris le départ de son article, qu'il a pourtant annoncé comme étant synthétique et particulièrement percutant... Même pas une petite photo !!!)

J'en reviens donc à nos moutons. Brasilia est une ville pour le moins atypique, qui mérite bien l'adjectif extra-ordinaire. Ca c'est sûr, y'en a pas des masses des capitales construites de toute pièce en quelques années à peine, dans les années 1960...

P1040238.jpg
C'est grand Brasilia, Brasilia Brésil ( il est fort not'ptit appareil photo)

Lorsque nous sommes arrivés à Brasilia (après 24 heures de bus, et près d'une demi heure de métro, détail qui n'est pas neutre...), il pleuvait. Et nous avons trouvé la ville hideuse, étrange dans sa laideur. Mais le lendemain, une fois le soleil revenu, nous avons découvert la ville d'une autre façon.

Ce qui frappe, c'est la démesure de la ville, dans son organisation (d'une logique implacable), dans ses dimensions, dans son architecture générale... dans son économie, si on revient aux fondamentaux de l'étymologie. C'est affreux de trouver une ville qui n'a pas été construite pour l'homme : tout est « utile », dirigé vers le transport motorisé, mais pas pour le piéton. On se retrouve ainsi avec des avenues de six voies, sans aucun passage clouté prévu pour les pauvres tournicoteurs que nous sommes... Les immeubles ne sont pas spécialement gros ni hauts, mais les espaces sont immenses. A trop tailler une ville au cordeau, on la déshumanise. Et les hommes ne semblent que difficilement pouvoir trouver une place dans ce décor de carton. Nous avons fait le gros de notre visite un dimanche, et en plus, un dimanche d'élections... Ville morte, hormis les centres commerciaux géants dans lesquels les habitants de Brasilia paraissent vivre... Même pas un petit vendeur de colliers pour nous faire la conversation... Pfff tout se perd.


P1040324.jpg
Brasilia vue du ciel... enfin de la tour de télévision


Mais en dehors de ces points négatifs, Brasilia a de nombreux attraits. Elle dispose ainsi de bâtiments à l'architecture novatrice (de l'époque), et qui restent des immeubles conceptuels. Ainsi de la cathédrale de Brasilia, hors norme, du sanctuaire Dom Bosco, dont la banalité extérieure n'a d'égale que la splendeur de sa lumière à l'intérieur. Ou encore du congrès (le régime brésilien est bicamérale), et du musée national. Les ministères, alignés comme des dominos ne sont pas non plus à négliger. L'autre point fort, c'est qu'une marche dans Brasilia, c'est bon pour les mollets : de grandes lignes droites en faux plats, sur plusieurs kilomètres... Tous ces bâtiments sont posés les uns à côté des autres. C'est ça qui fait bizarre. C'est ça qui rappelle que Brasilia n'a pas d'histoire, même si c'est en soi une histoire. Le résultat est étrange et ne peut laisser personne insensible. On aime ou on déteste. C'est de l'art contemporain...

IMG_0015.jpg
Cathédrale métropolitaine, de dehors...

P1040302.jpg
Et cathédrale métropolitaine, de dedans !


Brasilia nous a fait penser au « village » de la série « le prisonnier ». Même malaise... Tout à la fois envoutant et désagrable. C'est une sensation vraiment extraordinaire, pour en revenir à ce mot qui colle tout à fait à la capitale « fédérale » (comme les Brésiliens le précisent toujours... comme s'ils ne reconnaissaient pas la légitimité de cette drôle de ville).

En conclusion, la visite de Brasilia n'est pas indispensable. Mais Brasilia est surprenante, tant dans son horreur que dans ses trésors. Le mot « urbain » lui colle si bien à la peau. Nous ne regrettons pas d'y avoir consacré une journée entière. Peut être n'avons nous d'ailleurs pas tout vu...

P1040229.jpg
Intérieur apaisant du sanctuaire Dom Bosco... un moment de magie.