Il faut tout d'abord garder en tête que Salvador est le berceau colonial du Brésil, dont elle fût d'ailleurs la première capitale. Toute sa culture et son histoire en sont imprégnées, et cela se ressent dans sa vie quotidienne. C'est une ville marquée par une immigration loin d'être « choisie » : c'était le port d'arrivée des esclaves venus d'Afrique, des peuples qui ont fait le Brésil, sans doute bien plus que les Portugais. Salvador est ainsi une ville où la population « noire » est majoritaire, pour peu que le mot noir ait un sens... surtout ici. Quelques siècles ont passé, et le métissage est heureusement bien présent. Cela rappelle vraiment la couleur « cuba » (pour reprendre l'expression de l'écrivain José Lezama Lima, si nos souvenirs cubains sont intacts). On ne sent pas de discrimination, mais on précise que ce n'est qu'un avis personnel (Voir l'intéressant article sur le concept de « démocratie racile » : http://www.autresbresils.net/spip.php?). On ne va pas plus s'étendre sur la question : quelques jours à peine de tourisme au Brésil sont loin de permettre de présenter un point de vue sérieux ni crédible sur le sujet...

Une petite précision en passant, comme ça, gratuit, c'est pour vous rien que pour vous... Salvador de Bahia, ce n'est pas un petit port de pêche tranquille, c'est une ville immense de près de trois millions d'habitants. Bah oui (et non Bahia), ça calme...

L'un des principaux atouts de Salvador, c'est sa vieille ville, son centre historique : le pelourinho. Dans un style colonial (mais pas façon espagnol...), le pelourinho s'étale sur plusieurs places et rues, dont certaines ne sont pas accessibles aux voitures (c'est bien agréable). C'est dans ce quartier touristique mais encore très populaire que nous avons posé nos sacs à dos. Ici, on trouve certes quelques grands hôtels (installés dans de vieilles demeures voire dans un couvent !), mais on trouve surtout de petites pousadas et autre hôtel backpackers. Les prix restent quand même élevés (minimum 70 reals pour une chambre double, soit 32€ en octobre 2010, et à peine moitié moins pour un lit en dortoir). A nouveau, on répête qu'il n'y a pas vraiment eu d'inflation des prix sur place, mais que le taux de change real/euro est actuellement exécrable... (2,30 BRL pour 1 euro, il y a un an à peine, ce taux était à 3,4 !). Après plusieurs tentatives infructueuses de négociations, on parvient enfin à trouver notre bonheur. On loge donc dans une pousada (en fait une hospedaria) au nom festif : tamboleiro. 50 reals par nuit : on est installé dans une petite chambre sur le toit, avec une grande terrasse, et une salle de bain privée de l'autre côté de la terrasse ! On a vraiment adoré : c'était très tranquille (on précisera quand même que cela ne permet d'échapper aux soirées musicales qui inondent le quartier... à peu près tout le temps, mais surtout le week-end et le mardi, on y reviendra), avec une vue magnifique sur le pelourinho. Et de quoi étendre notre linge, au grand air ! Nickel : on y restera quatre nuits ! (petit bonus, pour vous rien que pour vous, dîtes moi z'êtes gatés vous, bien avant noël... Euh, je m'égare : le bonus donc. Le site web http://www.tamboleiro.com.br/pt/)

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Petite vue depuis la terrasse... grrrrr

Revenons au pelourinho : ce quartier populaire est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, et honnêtement il le vaut bien. Surtout qu'il a été récemment rafraichi, et que l'effort semble bien continué. , Les rues sont pavées, le linge pend aux fenêtres, les façades des demeures (entre la maison et le petit immeuble) sont multicolores, une vraie carte postale. Les églises quant à elles sont un peu pourries, mais ça fait joli (…!). Elles devraient elles aussi être ravalées prochainement ! Il règne dans ce quartier une certaine effervescence. Comme nous le dit le patron de la boutique d'à côté : tout est prétexte à la fête... Les week-ends, le mardi soir, le carnaval, les élections, la nuit qui tombe... C'est la bringue un peu tous les jours il faut bien l'avouer. Et la fête, à Salvador comme dans tout le Brésil, c'est musique et alcool. Ca commence tôt (dès le coucher du soleil, qui se couche tôt à cette période de l'année, un peu avant 18h), mais ça ne finit pas très tard (à minuit, plus trop de bruit dans la rue, ça se passe à l' « intérieur »).

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Un peu de couleur sous le ciel bien gris

Il y a quelques jolies églises et lieux religieux à visiter dans le quartier. Notre préférence va (très naturellement) au couvent São Francisco (pour les non lusophones qui voudraient briller en regardant les matches de futbol à la télé, « ão » se prononce « an »... ainsi Saõ se prononce exactement comme San (en Français pas en Espagnol !). C'est vraiment de l'info de premier choix qu'on vous offre, encore et toujours, pour vous rien que pour vous). Ce couvent rappelle les œuvres portugaises de tout premier plan : des dizaines de mètres d'azulejos, une église dorée au maximum, des meubles en bois sombre... Très beau, vraiment.

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Eglise de São Francisco... Il est l'or...

Si le pelourinho constitue la ville haute, il y a aussi (bien évidemment) la ville basse, concentrée autour des activités maritimes (port de pêche, de frêt et de transport de voyageurs vers les îles de la baie de Salvador d'où Salvador de Bahia). La ville basse est bien moins touristique, si l'on excepte le mercado modelo, une espèce de grand centre commercial de souvenirs... pas terrible. Elle est aussi plus délicate à aborder, car pour tout vous dire, ça n'est pas très glamour pour la balade. On y trouve tout de même quelques petits marchés alimentaires (où nous avons pu prendre un cours sur le nom des fruits et légumes de la région... on a goûté plein de choses, mais on a pas tout retenu ! Et on s'est retrouvé avec plein de tamarins dans les poches offerts par un gars très sympa, et très patient !) Salvador, c'est aussi des dizaines de kilomètres de plages. Quelques unes donnent sur la baie (au coeur même de la ville...) d'autre s'étalent ensuite sur l'océan atlantique, à perte de vue. M s'est baigné tout entier sur la « première » plage de l'océan, près du phare de Barra. L'eau était bonne, et les jumpers brésiliens au rendez vous ! Tout le long de la plage, on trouve des plagistes qui offrent à boire, à manger, ainsi que transat et parasols. Il y a aussi quelques vendeurs ambulants, on a surtout aimé le vendeur de brochettes de fromage (grillé), qui se promenait avec son petit barbecue portatif. Notre plage se divisait en deux « espaces », l'un protégé des vagues était utilisé par quelques baigneurs, l'autre, plus « vaguu » (on dirait du maori), était littéralement pris d'assaut par les surfers et bodyboarders. Chouette en tout cas, avec de l'eau même pas froide !).

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Plage de Salvador... c'est quand même futbol et fesses à l'air...

Enfin, comment ne pas dire un mot de la cuisine bahianaise (très diverse, mais dont on retrouve l'inspiration créole, souvent à base de riz et de haricots rouges), de la consommation de boisson (la bière est reine, mais les verres de cachaça (rhum blanc, souvent aromatisé) tombent bien vite dès le coucher du soleil... La caïpirinha est très bonne, et surtout pas chère (3,5 reals dans un bar bien comme il faut, qu'on vous recommandera aussi pour ses camarãons encapotados (O Gravinho, sur le terreiro de Jesus). On se remplit aisément le ventre : tout est copieux et pas cher. On a bien essayé du côté du Boi Prato. Mais honnêtement, ça ne rentrait pas dans le budget (on a peut être pris de mauvaises habitudes pour manger, mais 75 reals par personne pour un rodizio, on n'a pas pu... on s'est rabattu sur une churrasqueira très correcte à 11 reals !

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On a bu... un peu... à la santé de tout le monde. Mais la première était pour Raphael et Sandrine, comme promis

Et puis la musique, le sourire... la fête. C'est tout le temps la fête. Y'a toujours un truc à fêter. Et quand à Salvador on ne trouve pas de raison, et bien on appelle un ami qui pourrait bien en trouver une. Il y a les musiciens, mais il y a aussi des grosses chaînes hifi qui crachent toutes sortes de musiques (US, mais quand même surtout brésilienne... samba !), dans toutes sortes de lieux (magasins de souvenirs, bars, lanchonetes...). C'est plutôt bon enfant, jusqu'à ce que l'alcool commence à faire des ravages. Généralement, on se fuitait avant ce moment critique...

Ainsi, Salvador, avec ses racines africaines, fait ainsi beaucoup plus brésilien que Rio (intrinsèquement, nous concédons très facilement que cela ne veut rien dire). Ce serait un peu comme comparer New York à La Nouvelle Orléans. On n'y trouve pas la même chose, mais les deux villes ont énormément de choses à offrir ! Salvador, c'est l'esprit du Brésil, tel qu'on le rêve depuis l'Europe...

Salvador, on a beaucoup aimé, et on vous conseille vraiment (ce n'est pas une invitation, c'est un ordre !) d'y passer quelques jours si vous faîtes un saut au Brésil.