Nous allons tenter de vous présenter Damas telle que nous l'avons vécue. C'est une ville vraiment surprenante, déroutante même d'un premier abord. Outre le fait que nous avions tournicoté dans Damas chargés de nos sacs à dos et sans guide ni carte pendant une bonne heure à notre arrivée (ce qui complique forcément la première impression !), il faut comprendre le fonctionnement de cette ville immense, et dont la vieille ville s'étale sur plus de 4km² (clairement du jamais vu, en termes de densité...).
Le premier point à aborder, c'est la circulation des véhicules. La cirkulation devrait-on dire, tant la conduite se fait au klaxon ! Et que je klaxonne parce que je suis pas content, et je klaxonne parce que je tourne, et que je klaxonne parce que je freine, et que je klaxonne parce que j'ai pas klaxonné depuis bien trente secondes. Bref, c'est tout le temps... Par contre on ne crie pas au volant. On ne peut pas tout faire, remarquez. S'agissant des véhicules, à noter que la notion de priorité, qu'elle soit à gauche ou à droite, n'existe pas. Ainsi, il faut arriver vite et montrer que l'on est déterminé à passer (petit coup de klaxon par la même occasion, of course). Pas de priorité pour les piétons, même sur un passage réservé. Ils z'ont qu'à courir c'est gros fainéants de piétons ! S'il peut paraître dommage de commencer la visite de Damas par une présentation de la cirkulation, on peut vous assurer que cela vaut le spectacle. Au demeurant, ne croyez pas que le fait d'être dans les ruelles de la vieille ville vous épargnerait de la cirkulation. Que nenni. Si une voiture peut passer, elle passera. Et les syriens choisissent des voitures bien étroites (notamment des estaffettes pour les commerces), qui passent donc quasiment partout. Pas de sens interdits, pas de sens unique. Donc ça coince, et ça klaxonne. CQFD.
Deuxième point, les souqs. Eux aussi sont nombreux. Ils occupent une bonne partie de la vieille ville, entre la porte à l'ouest et la mosquée des Omeyyades. Comme souvent ils sont thématiques : le souq des vêtements, celui des épices, celui des parfums et de l'hygiène, celui des tissus, celui des cuvettes de wc... Celui des épices est forcément le plus sympa, par ses couleurs, ses odeurs, son rythme de vie. Les souqs font vraiment partie intégrante de la vie de Damas. Et ils sont plein presque tout le temps.
Les epices du souk de Damas, c'est nous qui l'a fait, c'est pas la carte postale (Benabar...)
Troisième point, les ruelles. Impossible de trouver une carte exaustive de la vieille ville. Les ruelles sont partout, tortueuses, et la plupart sans issue ! Heureusement, ces dernières sont indiquées comme "cul-de-sac". Mais cela reste quand même un réel plaisir de se promener le nez en l'air, de virage en virage, à travers ces ruelles. Il y a quand même des axes un peu plus "grands", mentionnés sur la carte. Mais cela n'est pas d'une fiabilité sans faille. C'est un moindre mal, dès lors qu'on n'a pas à chercher un endroit précis ! Parce que là, ça se complique. Mais cela fait tout le charme de Damas.
Petite ruelle de Damas
Le fameux "cul de sac"
Point suivant, les sites à voir absolument (c'est carrément prétentieux, parce que l'on n'a pas tout visité... alors on vous dit simplement ce que l'on a retenu de nos visites !).
La mosquée des omméyades est vraiment surprenante. Par sa taille tout d'abord, hors norme. Par sa décoration, extrêmement riche. Par son architecture, toute à la fois humble et grandiose. Tout ce que l'on aime dans les mosquées ! Alors pour les touristes et les non praticants, il y a une entrée spéciale. On prend un petit ticket, on enfile une grande robe à capuche pour ceux qui ne sont pas décemment habillés, et on peut ensuite librement visiter la mosquée, non sans avoir retirer ses chaussures, bien entendu. Certaines Syriennes, même voilées, sont invitées à prendre cette entrée si elles sont en pantalon par exemple. Tout se passe dans la bonne humeur, c'est l'essentiel. On entre ainsi dans la grande cour de la Mosquée. Grande, effectivement, elle ne doit pas être loin de faire la taille d'un terrain de foot. Mais elle est vraiment très belle. Comme on est en période de ramadan, il y a pas mal de monde. Mais à l'ombre, pour le même prix. On entre dans la salle de prière, également très grande. Nos chemins se séparent puisque les hommes et les femmes de fréquentent pas la même partie de la salle. C'est très symbolique : une petite chaîne sur toute la longueur de la salle... Petit plus, il y a des thermomètres lumineux un peu partout... Ca nous rassure, il fait chaud. Et la partie des femmes est plus chaude de deux degrés encore. On prend la tangeante à l'heure de la prière, parce que la salle se remplit en quelques minutes à peine, et que notre présence nous paraît être inopportune à ce moment là... Je ne crois pas pour autant qu'on nous aurait mis dehors.
La Mosquee des Omeyyades
Le palais d'Azem est à notre sens une curiosité. C'est beau certes, mais il y a un côté toujours désagréable dans les reconstitutions (mises en scène de mannequins en plastique tout droit sortis d'un magasin de vêtements de type Zara, on est donc loin du moyen orient !). Sinon, c'est un beau palais. Un havre de paix en plein milieu du grand souq.
Le palais d'Azem
Sur la vieille ville dans son ensemble, c'est superbe (voir point ci-dessus sur les ruelles). Les vieilles maisons, les balcons, les rues animées, les parfums, les différents quartiers... Il faut venir le découvrir, c'est compliqué à décrire...
Enfin, les repas. Même en période de ramadan, on peut manger à peu près quand on veut. On ne l'a pas toujours fait, par respect pour les syriens musulmans qui jeûnaient. On s'est régalé avec les mezze : houmous (syrien ou libanais), baba ganouj, tabouleh, et d'autres dont on n'a pas retenu le nom... C'est un peu compliqué pour nous il faut dire. Au niveau prix, c'est très abordable. Un repas complet (vraiment complet, cela veut dire qu'on ne peut pas finir...) coûte entre 5 et 10 euros par personne dans un restaurant. Compter 2 à 3 euros pour un repas dans la rue. Les viandes et le poulet grillés sont à l'honneur. Il existe des tas de recettes différentes. Aussi compliqué à tout se faire expliquer, alors on fait au feeling. Et on s'en sort pas mal pour l'instant. Comme quoi, tout doit être bon !
Les mezze... ah...
Voilà, on vous a fait part d'une partie de Damas, telle qu'on l'a vue. C'est à la fois un peu court, mais suffisamment long pour le blog ! Après Damas, on file à Alep. Vous en saurez plus dans le prochain billet !
A et M
PS : pour plus de photos, consultez l'album photos « Damas » (notamment un petit clin d'oeil au lyonnais qui avant nous a fait le tour du monde.... Et encore aujourd'hui !0
Commentaires
Ça y est ! Une semaine après votre envol, le spleen s’est dissipé et cette sale impression - comme d’être resté en rade au bord de la route, sur le quai d’une gare ou sur le tarmac de St-Ex - s’est envolée. Grâce à vos photos et commentaires, nous voilà embarqués sur les ailes de votre rêve. On s’y croit vraiment : la lumière, le bruit, les couleurs, les odeurs. Ma photo préférée, c’est celle des épices. Si elle est libre de droits, je vais peut-être bien me la mettre en fond d’écran. Bonne continuation et gros bisous.
Les ClochettesC'est génial ! On voyage vraiment avec vous ! Un reportage photo à déguster, ça fait plaisir ! (et envie !)
FredBisous !
Coucou, les Zébulons,
Voici mes trouvailles sur Damas :
« Damas est le grain de beauté de la joue du monde (jeu de mots entre Sham, le mot arabe pour Damas, et shama, grain de beauté), de même que Djillik (figure la campagne de Damas) offre l’image de sa pupille langoureuse. Son myrte te présente un paradis sans fin, et son anémone une géhenne qui ne brûle pas » (Arqala le Damascène)
« Dieu veuille abreuver Damas par une nuée bienfaisante, qui verse sur cette ville une pluie abondante et continue ! Dans le monde tout entier et dans ses horizons, rien n’égale la beauté de cette ville. Son sol est aussi beau que le ciel, et ses fleurs sont comme les points lumineux qui brillent à son orient. Le zéphyr de ses parterres, toutes les fois qu’il s’agite au soir, délivre du poids de ses peines l’homme soucieux. Le printemps réside joyeusement dans les habitations de ce pays ; et l’univers est entraîné vers ses marchés. Ni les yeux ni l’odorat ne se fatiguent jamais de la vue de Damas et de l’aspiration de ses parfums. » (Abou’louahch Séba’).
Moi je vous trouve presqu’aussi poètes et tout aussi dithyrambiques que les locaux, concernant vos différents séjours ; alors, bonne continuation et bises.
Les Clochettes